
Zaryadye Concert Hall (RU)
LOCALISATION:
Moscou (RU)
ARCHITECTE:
Reserve Architects
MODÈLE DE FAUTEUIL:
Perseo Rialto
LIENS D’INTERET:
www.reserve.ru (architecte)
www.zaryadyehall.ru (commanditaire)
www.nagata.co.jp (acoustique)
www.serapid.com (plateformes)
Si vous avez vu le parc de Zaryadye à Moscou ou si vous l’avez aperçu depuis l’autre côté de la rivière, l’énorme structure de verre en forme de carapace de tortue qui domine la partie orientale du parc vous aura sans doute émerveillé. Ou vous êtes peut-être passé(e) sous la moitié du toit qui est à découvert et protège une grande quantité d’espèces botaniques des dures journées de l’hiver moscovite. Or, l’autre moitié de ce toit appartient à l’auditorium le plus neuf de Moscou, inauguré le 8 septembre 2018 avec un concert de Valery Gergiev et l’orchestre du Mariinsky de Saint-Pétersbourg.
Le bâtiment ne fait pas seulement partie de l’ambitieux projet du parc Zaryadye, mais c’est aussi une œuvre énorme et extrêmement sophistiquée en elle-même. Sans aucun doute, elle est également unique du point de vue des standards moscovites habituels car il s’agit d’une œuvre totalement contrôlée par ses auteurs (Vladimir Plotkine et TPO Reserve Architects avec la participation active de l’architecte en chef de Moscou, Sergey Kuznetsov) au lieu d’être confiée pour la totalité de sa gestion à l’entreprise de construction une fois le projet attribué. En résultat de cette judicieuse décision, Moscou possède maintenant un autre bâtiment à grande échelle, mais conçu cette fois par l’un des meilleurs cabinets d’architectes russes et avec une acoustique incroyable due au fameux acousticien Yasuhisa Toyota, avec une salle transformable et un hall immense rempli de lumière. Cela suppose sans aucun doute un grand changement sous bien des aspects.
L’existence d’une salle de concerts a d’une manière ou d’une autre toujours été présente depuis l’époque de l’hôtel Rossiya (démoli pendant quatre ans de 2006 à 2010) et comme telle a été inclue à toutes les propositions successives jusqu’au concours final. La Salle de Concerts Zaryadye a été conçue par TPO Reserve Architects comme faisant partie intégrale du développement urbain du Parc Zaryadye qui occupe l’espace de l’ancien quartier de Moscou appelé Zaryadye : près du Kremlin et face à l’embarcadère de la rivière Moskova et délimité d’un côté par l’Avenue Kitaigorodsky et la rue Varvarka. L’auditorium lui-même est situé dans la partie est selon le principe que tous les bâtiments du parc sont intégrés et cachés par la propre topographie du parc, laissant à la vue une partie de la façade seulement. Ainsi la coupole de verre du parc couvre la zone microclimatique et aussi une grande partie de la salle de concerts puisque c’est son toit.
De même que le parc, cette Salle de Concerts a été conçue pour montrer que la ville de Moscou est non seulement entrée dans le XXIe siècle, mais qu’elle jouit aussi de certains paramètres propres à l’Europe Occidentale : c’est à Moscou la même chose que la Elbphilharmonie à Hambourg ou la Philharmonie de Paris. Ces deux salles ont ouvert leurs portes dans les 3 dernières années avec une grande couverture médiatique par la presse internationale grâce à ses célèbres architectes en charge du projet. Pendant ce temps, La Salle de Concerts Zaryadye, conçue par une firme Moscovite (Reserve) n’a pas une présence aussi imposante que ses contemporaines européennes : Son entrée est dans un angle du parc, presque cachée sous une grande serre et aussi par la popularité d’autres attractions du parc comme un pont en surplomb sur la rivière et un énorme amphithéâtre à l’air libre. Cependant, son intérieur est impressionnant et moderne, avec de douces lignes courbes, une illumination artificielle cachée et des fauteuils qui s’inclinent quand on s’y assied. C’est là qu’on se rend compte que cette salle n’a rien à envier à celles de Paris ou de Hambourg : ici les fauteuils entourent la scène, faisant que même une salle remplie de 1 560 spectateurs réussit à donner une sensation d’intimité.
L’aspect le plus attrayant de la salle et ce qui la rend différente du reste des salles classiques de Moscou, est son acoustique. Pour cette œuvre, le très célèbre acousticien japonais Yasuhisa Toyota (qui a aussi travaillé pour la Elbphilharmonie de Hambourg) a été engagé pour faire que le son y soit spectaculaire. Mikhail Pletnev a même dû venir avec son Orchestre National de Russie pour aider aux essais : les musiciens ont joué à divers endroits de la scène, des zones de celle-ci ont été surélevées et même revêtues de manières différentes pour vérifier leur impact sur la qualité du son. Cette immersion dans l’espace et dans sa conception est agrandie par ce que nous pourrions appeler l’effet «tabatière». L’auditorium principal se transforme complètement pour cacher les fauteuils : même la zone de la galerie située derrière la scène peut être dissimulée pour gagner de l’espace. Tous les escaliers peuvent disparaître, de même que la zone de l’orchestre, pour se rejoindre en un même niveau : toutes ces opérations sont contrôlées par une machinerie occultée sous la structure et exécutée par la société française Serapid.
La salle principale est un espace sans pareil sur le plan de l’acoustique pour tout type de concert et ses espaces comprennent un parterre, trois amphithéâtres et une galerie derrière la scène. C’est donc l’acoustique qui a défini sa géométrie et l’utilisation des matériaux : murs recouverts de panneaux d’acajou, balcons recouverts de micro-reliefs … et bien sûr, les fauteuils! Pour cette salle incroyable, nous avons fabriqué 6 types différents de fauteuils avec plus de 15 combinaisons de largeurs pour les adapter aux courbes de la salle. Et toutes celles-ci en respectant des paramètres acoustiques qui ont conditionné la construction des fauteuils. De plus, nous avons dû tenir toujours compte du fait qu’il fallait respecter les exigences de «transformation» de la salle : dimensions et poids très stricts ainsi qu’une commodité supérieure que nous avons solutionnée avec un système innovant de dossier inclinable. Sans doute le côté grandiose de la salle et ses innombrables détails (bois de cerisier, plaques de numérotation en aluminium affleurantes et en braille, tissus fabriqués spécialement pour cette œuvre …) ont faits de ce projet quelque chose d’unique pour Ascénder.